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Le chant des tempêtes

Au printemps dernier, je me suis rendu et suis revenu de Sardaigne par la mer. Alors que résonnait encore en moi les timbres riches des confrères, j'observai les écharpes d'écume, les vagues et les courants se former et se déformer au passage de notre ferry. Tout à coup l'analogie me paru évidente. La sculpture instantanée de l'eau me rappelait l'agilité vocale des chanteurs dans l'ajustement perpétuel de leurs timbres. Une matière vocale si dense qu'on pourrait presque la toucher. Leurs voix, à la fois pleines et rugueuses, ressemblent aux paysages archaïques de l'île et de la mer qui l'entoure. Les formants, les voyelles qui illuminent le chant sont comme la mer vivante : intense, complexe, enivrante et profonde.


J'aime aborder la voix de cette manière. Rentrer dans le chant comme si on plongeait dans la mer, ou plutôt comme si on devenait la mer. Fermer les yeux et se laisser être courant, écume, vagues, au rythme naturel de la respiration.

Dans l'interprétation, notamment en chœur à faible effectif, c'est une posture mentale qui m'aide à me rappeler que le chant est d'abord une métamorphose de l'air et qu'on y laisse un sillage invisible.

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