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Chanter en conscience de ses harmoniques - La Méthode

 

Le khöömii est un art du timbre.

Je développe une méthode de chant fortement inspirée de mon apprentissage du chant diphonique mongol. Je suis convaincu que ce chant, dans l'attention sacrée qu'il porte au timbre et à l'écoute du paysage sonore, constitue un laboratoire passionnant pour les chanteurs de tous styles, notamment en polyphonies.

D'après le musicologue Alain Daniélou ; "les groupements d'harmoniques qui constituent le timbre de certains instruments peuvent aussi avoir une fonction de symbole, une valeur de mantra. Le son des trompes tibétaines ou africaines a un caractère sacré, de même que le son des cloches dans le monde chrétien. Le timbre de la cornemuse a une rôle rituel dans la tradition celtique et une grande importance est attachée à la qualité exacte du timbre."

Je considère le khöömii comme une musique modale à mode unique. La musique modale est très différente de la musique tonale occidentale. Le développement d'une mélodie ne se fait pas en suivant un développement harmonique, mais dans un jeu de rapports complexes entre les différentes notes d'un mode choisi et une note fixe qu'on appelle la tonique. Cette note de base à laquelle se réfère toutes les autres constitue l'équivalent du bourdon dans le chant diphonique. Cependant notons que le khöömii est limité à l'utilisation exclusive d'un mode unique : la série harmonique naturelle contenue dans le bourdon.

Les musique modales sont souvent considérées comme un moyen de réalisation spirituelle pour les communautés qui les utilisent, par la concentration qu'elles demandent, l'attention qu'il convient de porter aux intervalles et la présence constante - manifeste ou suspendue - de la tonique.

En diphonie, le développement mélodique et les envolées lyriques sont à première vue plus limitées que dans le chant persan par exemple. Pourtant, le khöömii me semble bien avoir la même fonction originelle que ce dernier et relève tout autant de la musique sacrée. Et selon moi, ce caractère sacré réside dans le rapport extraordinairement subtil que les mongols entretiennent avec ce qu'il nomment "la couleur de base" - le bourdon.

Une personne = une voix

En Mongolie, les diphoneurs traditionnels ne jugent pas le timbre d'un autre chanteur par rapport à un standard ou une norme rigide mais bien par la richesse cachée qui démontre le caractère, la force et la beauté unique de sa voix.

Aussi, ce n'est pas un timbre uniformisé mais bien une couleur de base propre à chaque individu ou ensemble vocal que je me propose de développer dans mes ateliers. Et pour cela, je conçois des cycles évolutifs permettant d'aborder la découverte de la voix harmonique, l'attention au timbre dans la polyphonie et/ou l'apprentissage du chant diphonique de manière complète et personnalisée.

En tant que formateur, j'alterne écoute collective et passages individuels afin d'orienter au mieux chaque participant là où il se trouve.

Une méthode centrée sur l'écoute
Ecouter mieux, c'est chanter mieux. En portant d'abord attention envers notre sens de l'ouïe nous nous engageons progressivement vers une écoute "totale" du paysage sonore dans lequel nous évoluons. Le corps libéré du mental se laisse traverser par les sons et y répond spontanément.

En chantant, nous développons d'abord une écoute corporelle des constituants de la voix en état de concentration.

Puis nous partons de la mise en mouvement du corps en conscience - ancrage, énergie, équilibre - pour aller progressivement vers le renforcement des capacités vocales - attaque, résonances.

Nous abordons les capacités de l'esprit - concentration, visualisation, intentionnalité - mobilisées par, et grâce au son chanté en étant à l'écoute de nos flux de conscience à l'intérieur du corps.

Avec les autres, nous cultivons nos capacités d'écoute collective et d'empathie en harmonisant les timbres comme s'ils n'en formaient qu'un. Dans ces jeux, il n'est pas rare d'avoir l'impression troublante de chanter soi-même toutes les voix.

La structuration des harmoniques, leur qualité de résonance, nous guident vers un jeu de "sculpture dans l'instant" du timbre vocal, seul ou à plusieurs. L'attention portée à la présence du corps dans ce processus d'ajustement constant constitue en lui-même une expérience fondatrice.

Je pars du postulat que "tout est en nous". Aussi, l'apprentissage est avant tout un dévoilement de nos capacités latentes, des phénomènes qui nous constitue. Cela passe bien plus par la libération des tensions et le dépouillement de soi que par l'accumulation de connaissances exogènes.

Un peu de technique vocale...

Pour ceux qui auraient toutefois besoin de visualiser, voici ce qui passe d'un point de vue technique.

La vibration initiale produite par nos cordes vocales est ténue. C'est en passant par le conduit vocal que la voix s'amplifie et se charge en fréquences plus ou moins audibles.

Les clés d'ajustement sont principalement l'implication du diaphragme, la hauteur du larynx, le degré de pression sous glottique, l'ouverture du voile du palais, l'avancement de la mâchoire, la position de la langue, le placement des lèvres, l'envoi du son vers les résonateurs crâniens.

En accordant de manière juste l'ouverture de nos résonateurs avec la qualité et la puissance du son venu depuis notre larynx, on peut fournir un son riche et puissant avec un minimum de tensions et d'efforts.

Par ailleurs, tous les éléments de notre instrument vocal peuvent à la fois "freiner" le son en feutrant la circulation de la vibration ou au contraire l'amplifier en créant des ponts ou des espaces de résonance. C'est ce jeu entre le feutrage et la brillance qui permet de faire ressortir certains harmoniques du son.

En atelier, aidé d'une respiration maîtrisée, nous utilisons principalement les voyelles en bourdon, à l'unisson ou harmonisées. Les harmoniques qui peu à peu apparaissent à notre oreille deviennent des supports pour engager l'émission vocale. La subtilités des changements de couleur entre les voyelles sont autant de repères pour ajuster le timbre en mâchant le son.

En étant attentifs aux perceptions intérieures, nous faisons principalement appel à nos mémoire kinesthésique (mouvements de muscles) et pallesthésique (perception des vibrations).

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Imprégné d'une vision verticale et circulaire de l'existence (tout est mouvement depuis l'origine, circulation et retour à l'origine), je propose une méthode ascendante en trois temps :

  1. Poser les bases de l'ancrage physique du chanteur

  2. Cultiver les capacités phonatoires, la qualité de présence corps-esprit, libérer les tensions

  3. "Rendre le son à l'univers", sans voile, grâce à une conscience libre

 
Chaque session se développe à travers des exercices spécifiques empruntés à la technique vocale, à la sophrologie, aux arts du mouvement, au paysage sonore, à la tradition.

 

  • Écouter le monde avec attention, dans sa verticalité : marche sonore, écoute active - chanter comme un enfant, spontanément et par imitation
     

  • Préparer son corps pour chanter : mouvements, posture, respiration et énergie - chanter comme un danseur, en faisant confiance à notre mémoire vibratoire et musculaire
     

  • Explorer son timbre harmonique : attaques et résonances du son, vocalisation, souffle - chanter comme l'architecte de soi-même, en s'appropriant nos espaces intérieurs
     

  • Développer sa concentration : sophrologie, méditation, duos - chanter en pleine présence, dans la recherche d'un équilibre corps-esprit
     

  • S'approprier "l'esprit nomade" : ethnologie, pastoralisme, lien paysage-chant - chanter comme un berger solitaire, en hommage à son paysage et à son mode de vie
     

  • S'exprimer avec sa voix chantée : expression/impression, expérimentation, création - chanter comme on se sent, comme on se veut et dans le simple accueil de soi
     

  • Ressentir la présence des autres : miroirs, exercices en groupe et partage d'expérience - chanter par et pour les autres, en mettant l'accent sur ce qui nous rassemble

Comment se déroule un atelier ou un cours ?
Cela dépend du nombre de participants, du contexte et des envies du groupe. Un atelier de découverte collective dure entre 2h30 et plusieurs jours. À travers des exercices spécifiques, nous explorons la posture, la respiration, l’écoute des sons, l’écoute de soi, la voix chantée et l'amplification des harmoniques. Des moments sont consacrés à l'écoute attentive des paysages sonores "dans leur verticalité" (les sons de nature ou les voix des autres participants). Enfin, nous partageons la dimension émotionnelle de cette pratique dans une perspective de dévoilement intérieur. L'idéal est donc d'avoir du temps pour une approche complète.
Je propose des stages à destination des chanteurs individuels ou des groupes constitués (chœurs et ensembles vocaux) sur demande. Il m'arrive de donner des cours individuels mais je privilégie les dynamiques collectives, davantage propices aux prises de conscience par le partage et l'observation des autres.
Je ne propose pas de cours en "visio".

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