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Le chant diphonique : questions / réponses

D'où vient le chant diphonique ?
D'après les légendes de l'Altaï (chaîne de montagnes traversant la Russie, la Mongolie et la Chine), le chant diphonique ou "khöömii" serait une manière d'imiter voire de rentrer en communication avec les sons de la nature spirituelle : le sifflement du vent, les volutes des cours d'eau, le grondement des cascades, le chant des oiseaux, les voix des animaux. Depuis des temps immémoriaux, on utilise le chant diphonique pour interpréter des airs populaires, chanter des louanges à la Nature et au mode de vie pastoral.


"On pouvait maintenant entendre le vent de façon continue ; le long de la route, qui de la ville partait vers la steppe, il faisait avec les fils électriques un petit son flûté. (...) Le vent de la nuit avait deux voix ; celle qui suivait, tenace, les câbles aux mouvements rythmés, et celle de la steppe, une voix de gorge, profonde et persistante." W.O. Mitchell, Who has seen the wind ? - Citation rapportée dans R. Murray Schaffer, Le Paysage Sonore.

On distingue trois styles principaux : le grave (kharkhiraa, grondement), l'aiguë (isgeree, sifflement) Le bourdon de base du khöömii en lui-même constitue un style médium. À ces styles s'ajoutent de nombreux effets selon l'inspiration des chanteurs et des chanteuses et selon les traditions locales.
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Comment diphoner ?
Le timbre vocal fondamental ou "bourdon" est formé dans la gorge du chanteur en état de concentration grâce à une pression simultanée du diaphragme et du pharynx. Cette "couleur de base" du chant diphonique est une voix dite "pressée". Le bourdon produit est alors dirigé vers le voile du palais et les différents résonateurs du corps. Ce grondement initial s'enrichit d'une épaisseur de fréquences dans son parcours vers les lèvres. Pour produire une mélodie, la langue, les lèvres et les modulateurs de la gorge se placent et en bougeant, guident certains harmoniques vers des espaces de résonance qui les rendront saillants, tandis que d'autres strates du timbre seront volontairement "filtrées". C'est alors qu'on entend résonner dans l'espace une mélodie qui paraît irréelle... mais qui est bel est bien physique.
Le style aigüe ou "isgeree" utilise le timbre de base du khöömii, parfois très tendu. Pour amplifier certains harmoniques et diminuer la présence du bourdon, on module avec la langue collée au palais comme pour prononcer la lettre "L". Cela crée un nouvel espace de résonance dans la cavité buccale, autant qu'une barrière filtrante pour le bourdon.
Le style grave ou "kharkhiraa" fait intervenir les bandes ventriculaires en plus des cordes vocales. Mises en vibration, elles vibrent 2 fois moins vite que les cordes vocales - une octave en dessous. L'amplification des harmoniques et la modulation mélodique se fait par des effets de vocalisation (changement de voyelles), des effets de langue et l'utilisation subtile des résonateurs.
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Chant diphonique, chant harmonique, chant de gorge... Quelle différence ?
Il n'y a pas de consensus. L'étymologie de di-phonie c'est : diffracter (ou "faire diverger") le son. L’appellation "chant diphonique" est une tentative de traduction du terme "khöömii" proposée par les ethnomusicologues européens. Cela désigne un patrimoine culturel cohérent et un ensemble de techniques indissociables qui ont généralement pour base un timbre très spécifique qui donne son nom à la technique.
Le terme "chant harmonique" est utilisé plus largement pour désigner toute forme de chant qui met en avant les harmoniques de la voix. Le chant diphonique mongol est donc un chant harmonique au même titre que le chant polyphonique sarde, celui des Bunun de Taïwan, les techniques occidentales issues des mouvements new age ou de la musique contemporaine.
Enfin, "chant de gorge" désigne une forme de chant qui fait apparaître une utilisation renforcée de la gorge. C'est le cas de certains chants Inuit, du "cantu a tenore" des basses sardes mais aussi du métal par exemple.
Mais au fond, dans un monde métissé... peu importe les cases, non ?

Est-ce accessible à tous ?
Oui ! Même si cela peut vous paraître difficile au premier abord. Il s'agit d'un art exigent qui demande puissance et persévérance et c'est une des vertus de son apprentissage.
Cependant, les bases du timbre guttural, la production d'harmoniques et l'écoute des mécanismes à l’œuvre dans notre corps pour diphoner sont accessibles en quelques heures à toutes et tous.
Si par la suite on envisage de progresser et de trouver son propre style, il faudra s'astreindre à un entraînement régulier - au même titre que n'importe quel instrument de musique.

Est-ce une pratique ésotérique ?
Il est passionnant de constater la dimension vibratoire du monde et les effets du son sur notre corps ou notre esprit. Nous sommes nombreux à en faire l'expérience en chantant dans différents contextes ou avec certaines intentions. Dans le cadre d'un programme adapté, le chant peut avoir des effets thérapeutiques indéniables. Il est aussi un formidable outil pour la libération intérieure et le dévoilement de notre conscience.
Je vis régulièrement des voyages intérieurs et j'en mesure les effets bien au-delà du chant. En mobilisant nos structures internes, le son peut se faire le véhicule de sensations profondes et le ciment d'une restructuration saine de l'être, souvent vecteur de changements durables.
Cependant, le chant diphonique n'est traditionnellement pas relié aux cérémonies chamaniques. Les chanteurs de khöömii ont une fonction traditionnelle de barde.

>> Écoutez la longue plainte des chameaux de Bactriane en Mongolie, c'est envoûtant...

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